mercredi 22 février 2012

Benares, les pieds dans le Gange

Me revoilà après une longue période de grève du blogage pour parler un peu de l'endroit où je suis allée après Ellora.
















J'ai donc passé 4 jours à Benares, aussi nommé Varanasi (nom actuel). Mais je préfère Benares,  étant donné que c'est comme ça que je l'ai toujours "connue" avant d'y aller, de part l'expérience de mes parents. Et malgré les retours plutôt mitigés sur le pays, têtue et curieuse (comme on met les doigts dans une prise pour vérifier si c'est vrai que c'est dangereux), j'ai eu envie d'aller voir par moi-même.

C'est donc après 25 heures de train que je suis arrivée sur la ville sacrée de l'hindouisme, sur les rives du Gange. En pleine mousson, celui-ci était très haut et avec beaucoup de courant, ce qui a empêché les bateaux de naviguer durant les jours où j'y étais. De plus chaque "ghat", les fameuses places-escaliers descendant dans le fleuve sacré ne se reliaient pas entre elles à cause du niveau de l'eau. Il fallait donc faire le tour par la rue pour passer de l'un à l'autre.
On peut dire dans un sens, que ce n'est pas de chance. Néanmoins je suis tombée en pleine période de pèlerinage, des hindous vêtus de orange arrivant ici de tout le pays. Et puis la pluie de mousson est plutôt agréable, surtout quand il fait chaud.

Pour les Hindous, Benares est LA ville sacrée. En effet, le but c'est d'aller au Nirvana (non, pas rejoindre Kurt Cobain). Pour ça, il faut avoir été "bien" pendant sa vie, de préférence dans une caste élevée. Ou bien plus simple, vivez et/ou mourez à Benares. Cela vous donne un ticket gratis pour voir Nirvana.
Les familles ayant les moyens viennent parfois de loin pour procéder à la crémation de leur défunt dans cette ville sacrée. Sur les rives du Gange, il y a donc en quasi permanence des crémations.




Les gens se baignent dans le fleuve sacré, en masse. Extrêmement pollué, le fait que les gens ne tombent pas tous malades relève du mystère que les scientifiques n'ont pas encore entièrement élucidé. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, les animaux morts flottant dans l'eau et les cadavres humains pas totalement incinérés ne sont responsables que de 5% de la pollution. Les 95% restants sont causés par l'industrie et les égouts de toutes les régions en amont de Benares. Il y a des actions mises en place pour remédier à ce problème, mais cela risque de prendre du temps. Pas de baignade avant quelques temps pour nous pauvres occidentaux au système immunitaire tellement fragilisé par la sur-hygiène.
On se contente donc de regarder les locaux faire, et à jeter son offrande -forcée- de fleurs dans l'eau.




Les couleurs. Je crois en avoir déjà parlé, mais à Benares c'est une chose flagrante. Il y a les gens, notamment les pèlerins habillés de orange, et les femmes en sari. Les bâtiments, que ce soient des temples, des habitations ou des ashrams sont peints de façon variée. Les vaches sont fleuries, et les nombreux marchés de tous types sont multicolores. L'Inde n'est pas un pays terne ou monochrome.

Autre chose, flagrant à Benares mais que l'on retrouve aussi dans les autres villes indiennes: les vaches ! A Paris, nous avons les pigeons. Pas très bien traités, ceci dit. Eux, ce sont les vaches, sacrées. Dans ce pays, il est à rappeler qu'on semble mieux respecter les vaches que les femmes ("grosse vache" prenant alors un sens bien différent ?), puisque symbole de la déesse Shiva, elle est sacrée. Elles restent donc impassibles dans les rues, quitte à bloquer la circulation ou les peureuses comme moi quand elles sont couchées en long d'une ruelle étroite. Elles sont parfois décorées de colliers de fleurs, ou recouvertes de teinture rouge au niveau du "front". Il arrive aussi qu'elles se battent entre elles, ce qui n'est pas nécessairement très rassurant (et pour une fois même les locaux font attention et s'éloignent).





C'est juste pour montrer l'école d'infirmières locale !
"Scam-city", ou la ville de l'arnaque. Ils sont très forts, à tel point que j'ai failli quitter la ville sur un coup de tête, mais fort heureusement il n'y avait plus de places dans le train pour ma prochaine destination. Je ne détaillerai point, on va dire que je fais que me plaindre. Le fait est que c'est très oppressant, et que si quelqu'un ne parle pas pour essayer de vendre un truc, c'est parce qu'il a des idées derrière la tête. C'est dommage de devenir méfiant alors qu'on part pour découvrir un peu les gens. Si, j'ai eu un bon contact avec des gens, mais hélas ce sont ceux qui ne parlaient pas Anglais, rencontrés le bord d'un ghat peu fréquenté.



Pour finir, on remarquera qu'il n'y a vraiment pas d'organisation dans ce texte, un peu à l'image de là-bas.



Voilà le lien pour l'album photo, je viens -enfin- de transférer celles de Bombay, Ellora et Benares !




La pensée du jour: Si on admet qu'il y a 1.2 milliards d'Indiens. Que l'être humain pisse environ 1.5 litres par jour, qu'on arrondira grossièrement à 1 litre pour compenser les enfants, et pour avoir un chiffre final par défaut.
On a donc 1.2 milliards de litres d'urines déversées par jour, que ce soit dans des toilettes, dans les champs ou dans les rues à la vue de tout le monde. Ça fait donc 1.2 millions de mètres cube (parce qu'on est scientifiques et vive le système métrique !)
Une piscine olympique fait au moins 2500m3 minimum, selon mon ami wikipedia.
Chaque jour, en Inde, il est donc déversé l'équivalent de 480 piscines olympiques. Dans le Gange, entre autre, puis dans l'océan Indien que voici.



Je suis désolée, c'est un peu cru, mais c'est un calcul que j'ai fait dans un des bus pour m'occuper, en voyant tout le monde vider sa vessie sur le bord de la route...