jeudi 7 juin 2012

Taj Mahal

Je profite d'un sentiment de liberté pour poster -enfin ?- un message sur Agra, et surtout le Taj Mahal, vu que je n'ai visité que cela à Agra.


D'abord, je dois avouer y être allée parce que: "on ne va pas en Inde sans aller voir le Taj Mahal, c'est comme visiter Paris et ne pas avoir vu la Tour Eiffel". C'est donc par principe que j'y suis allée. Je n'avais donc aucune attente particulière, à part le fait qu'on dise que c'est joli. Soit.

Mon train reliant Benares à Agra est arrivé à destination à 6h du matin,  ce qui est parfait pour moi, voulant visiter le Taj à l'aube (pour éviter la cohue et parce qu'on m'a dit que c'était plus joli le matin). Je me suis donc précipitée dans un tuk-tuk à qui j'ai demandé de m’emmener près du taj (ah ah pas de commission sur l'hôtel !)
J'avais repéré quelques adresses dans le Lonely Planet, et me suis posée dans l'hôtel Sidhartha. J'ai réveillé le pauvre gardien, et me suis posée dans une chambre. Un peu plus cher que mon budget mais pour une nuit... et puis le temps passait, le soleil devenait plus fort.

Ayant posé mes affaires, je vais à l'entrée du monument, et là c'est la corvée du billet que le pauvre touriste doit payer 50 fois plus que l'Indien. Soit environ 11 euros. Soit plus que mon budget quotidien hotel+nourriture+train+etc. Mais bon... Le type à l'entrée me dit "oui mais ça comprend aussi une bouteille d'un demi litre d'eau et des sur-chaussures ! (le truc que je porte en ce moment tous les jours à l'hôpital, dans la bulle)

---

Je rentre, enfin. Pas de queue, c'est déjà ça.
D'abord, on arrive sur une cour bien verte qui manque moins d'eau que la population hors des murs d'enceinte rouges. Bien que l'image traditionnelle du Taj Mahal soit le monument Blanc (d'ailleurs C'EST le Taj Mahal me direz-vous), les bâtiments "annexes" valent aussi le détour. Il y a notamment une mosquée magnifique juste à l'ouest du Taj.
Poursuivons la visite, qui commence à dater de bientôt un an au passage...
On voit une "porte", si on peut toujours appeler ça comme ça quand elle est si grande. En arrivant devant, on voit apparaître dans l'alignement le fameux monument blanc, les fontaines devant. Tout le monde veut faire la photo, normal. Et moi je fais comme tout le monde !

Je m'approche alors, et je suis éblouie par la beauté de la chose. Je n'y allais pas avec une grosse attente, cela a peut-être aidé, mais j'ai été ébahie la pureté du monument. A l'aube, il a l'air à moitié transparent, en se dressant devant le ciel presque de la même couleur.


Je m'approche, mitraille. Puis devant le parvis, on se déchausse pour monter. Personne n'y rechigne car il serait vraiment dommage d'abimer une telle merveille.
D'où les sur-chaussures ! Oui tout le monde n'ose pas enlever ses godasses, et quand le soleil se lève on comprend vite pourquoi: les plantes de pieds non cornées de nous pauvres petits occidentaux sont pas faits pour endurer un sol brûlant... et pourtant c'est du marbre (ok, il y a aussi de la brique pas loin).

---

Alors qu'est-ce que le Taj Mahal ? Je ne vais pas faire ma prétentieuse en paraphrasant ce que j'aurai lu dans wikipédia, je vais plutôt mettre le lien: Allez-donc voir par là.
Mais ce que j'ai retenu de ma visite -sans guide autre que le Lonely Planet- c'est qu'il a été construit par l'empereur en place au XVIIe siècle, tellement amoureux de son épouse qu'il décida de lui construire ce mausolée. Amoureux certes, mais il lui a quand même fait subir 14 accouchements, dont le dernier fut fatal.

Il y a une théorie, affirmée par les uns, démentie par les autres, que l'empereur avait prévu de faire un mausolée identique de l'autre côté de la rivière, juste en face, mais noir. 
De toute façon, son fils ingrat -ou conscient de l'état des caisses de l'empire-, fit emprisonner son papa dans le Fort Rouge, avec vue sur le Taj.

Le Taj n'est donc pas un palais, ni un temple. J'ai croisé des gens sur place surpris de voir que la chose était plutôt vide à l'intérieur. Une dame m'a même dit qu'elle croyait qu'il s'agissait d'un palais royal, avant d'avoir fait la visite.
D'ailleurs oui, l'intérieur. C'est richement sculpté, mais sombre, et finalement l'intérieur semble plus petit. Mais le marbre est sculpté comme si cela avait été du bois. Mais ce n'est pas du bois...

Aussi, et ça je crois que je ne savais pas (je ne connaissais absolument rien de l'histoire de l'Inde avant d'y aller, et je n'en sais guère plus aujourd'hui, vu la longueur et la richesse de celle-ci !) qu'il datait d'une période où les empereurs étaient musulmans. Bêtement, je les ai toujours cru hindous.
Mais quand j'ai vu les belles arabesques sur les façades, je me suis dit que c'était une évidence, finalement.

---

Il y a peu, des nouvelles sont apparues dans les journaux indiquant que le monument risquait de s'effondrer d'ici 5 ans à cause de l'assèchement de la rivière qui le borde. 
Bon, il y a des démentis, comme toujours. 
Qui croire ?
Dans le doute autant y aller dès que possible,  ça vaut la peine. 

---
 A 10h, j'ai quitté le site pour aller visiter le Fort Rouge. Mais me sentant de plus en plus mal, je suis allée à l'hôtel où j'ai dormi une bonne partie de la journée, me suis fait violence pour manger un peu le soir. Dormi difficilement le soir (la chaleur !), quitté la ville dès le lendemain matin pour New Delhi.
Je ne ferai pas d'article sur Delhi, même si l'y suis restée 4-5 jours. Parce qu'à part l'hôpital je n'ai pas vu grand chose. Je suis restée dans le quartier Tibétain au nord du centre. C'était peu pratique étant malade, mais au moins c'était plus calme et les gens moins harcelants -en gros.

Prochain article, Manali et la route jusqu'à Leh !


La pensée du jour: Bon voyage là-bas dans moins d'un mois, Papa-Maman !





"Attention aux singes quand vous êtes debout ou assis sur la terrasse du restaurant" (dans l'hôtel)




Vue de la terrasse (commune) de l'hôtel
Vue de la terrasse (commune) de l'hôtel
Vue de la terrasse (commune) de l'hôtel
Dernier repas avant 2 jours

mercredi 22 février 2012

Benares, les pieds dans le Gange

Me revoilà après une longue période de grève du blogage pour parler un peu de l'endroit où je suis allée après Ellora.
















J'ai donc passé 4 jours à Benares, aussi nommé Varanasi (nom actuel). Mais je préfère Benares,  étant donné que c'est comme ça que je l'ai toujours "connue" avant d'y aller, de part l'expérience de mes parents. Et malgré les retours plutôt mitigés sur le pays, têtue et curieuse (comme on met les doigts dans une prise pour vérifier si c'est vrai que c'est dangereux), j'ai eu envie d'aller voir par moi-même.

C'est donc après 25 heures de train que je suis arrivée sur la ville sacrée de l'hindouisme, sur les rives du Gange. En pleine mousson, celui-ci était très haut et avec beaucoup de courant, ce qui a empêché les bateaux de naviguer durant les jours où j'y étais. De plus chaque "ghat", les fameuses places-escaliers descendant dans le fleuve sacré ne se reliaient pas entre elles à cause du niveau de l'eau. Il fallait donc faire le tour par la rue pour passer de l'un à l'autre.
On peut dire dans un sens, que ce n'est pas de chance. Néanmoins je suis tombée en pleine période de pèlerinage, des hindous vêtus de orange arrivant ici de tout le pays. Et puis la pluie de mousson est plutôt agréable, surtout quand il fait chaud.

Pour les Hindous, Benares est LA ville sacrée. En effet, le but c'est d'aller au Nirvana (non, pas rejoindre Kurt Cobain). Pour ça, il faut avoir été "bien" pendant sa vie, de préférence dans une caste élevée. Ou bien plus simple, vivez et/ou mourez à Benares. Cela vous donne un ticket gratis pour voir Nirvana.
Les familles ayant les moyens viennent parfois de loin pour procéder à la crémation de leur défunt dans cette ville sacrée. Sur les rives du Gange, il y a donc en quasi permanence des crémations.




Les gens se baignent dans le fleuve sacré, en masse. Extrêmement pollué, le fait que les gens ne tombent pas tous malades relève du mystère que les scientifiques n'ont pas encore entièrement élucidé. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, les animaux morts flottant dans l'eau et les cadavres humains pas totalement incinérés ne sont responsables que de 5% de la pollution. Les 95% restants sont causés par l'industrie et les égouts de toutes les régions en amont de Benares. Il y a des actions mises en place pour remédier à ce problème, mais cela risque de prendre du temps. Pas de baignade avant quelques temps pour nous pauvres occidentaux au système immunitaire tellement fragilisé par la sur-hygiène.
On se contente donc de regarder les locaux faire, et à jeter son offrande -forcée- de fleurs dans l'eau.




Les couleurs. Je crois en avoir déjà parlé, mais à Benares c'est une chose flagrante. Il y a les gens, notamment les pèlerins habillés de orange, et les femmes en sari. Les bâtiments, que ce soient des temples, des habitations ou des ashrams sont peints de façon variée. Les vaches sont fleuries, et les nombreux marchés de tous types sont multicolores. L'Inde n'est pas un pays terne ou monochrome.

Autre chose, flagrant à Benares mais que l'on retrouve aussi dans les autres villes indiennes: les vaches ! A Paris, nous avons les pigeons. Pas très bien traités, ceci dit. Eux, ce sont les vaches, sacrées. Dans ce pays, il est à rappeler qu'on semble mieux respecter les vaches que les femmes ("grosse vache" prenant alors un sens bien différent ?), puisque symbole de la déesse Shiva, elle est sacrée. Elles restent donc impassibles dans les rues, quitte à bloquer la circulation ou les peureuses comme moi quand elles sont couchées en long d'une ruelle étroite. Elles sont parfois décorées de colliers de fleurs, ou recouvertes de teinture rouge au niveau du "front". Il arrive aussi qu'elles se battent entre elles, ce qui n'est pas nécessairement très rassurant (et pour une fois même les locaux font attention et s'éloignent).





C'est juste pour montrer l'école d'infirmières locale !
"Scam-city", ou la ville de l'arnaque. Ils sont très forts, à tel point que j'ai failli quitter la ville sur un coup de tête, mais fort heureusement il n'y avait plus de places dans le train pour ma prochaine destination. Je ne détaillerai point, on va dire que je fais que me plaindre. Le fait est que c'est très oppressant, et que si quelqu'un ne parle pas pour essayer de vendre un truc, c'est parce qu'il a des idées derrière la tête. C'est dommage de devenir méfiant alors qu'on part pour découvrir un peu les gens. Si, j'ai eu un bon contact avec des gens, mais hélas ce sont ceux qui ne parlaient pas Anglais, rencontrés le bord d'un ghat peu fréquenté.



Pour finir, on remarquera qu'il n'y a vraiment pas d'organisation dans ce texte, un peu à l'image de là-bas.



Voilà le lien pour l'album photo, je viens -enfin- de transférer celles de Bombay, Ellora et Benares !




La pensée du jour: Si on admet qu'il y a 1.2 milliards d'Indiens. Que l'être humain pisse environ 1.5 litres par jour, qu'on arrondira grossièrement à 1 litre pour compenser les enfants, et pour avoir un chiffre final par défaut.
On a donc 1.2 milliards de litres d'urines déversées par jour, que ce soit dans des toilettes, dans les champs ou dans les rues à la vue de tout le monde. Ça fait donc 1.2 millions de mètres cube (parce qu'on est scientifiques et vive le système métrique !)
Une piscine olympique fait au moins 2500m3 minimum, selon mon ami wikipedia.
Chaque jour, en Inde, il est donc déversé l'équivalent de 480 piscines olympiques. Dans le Gange, entre autre, puis dans l'océan Indien que voici.



Je suis désolée, c'est un peu cru, mais c'est un calcul que j'ai fait dans un des bus pour m'occuper, en voyant tout le monde vider sa vessie sur le bord de la route...